T’as beau pas être bobo
Y a des
colorants pas marrants
Du mazout dans les océans
Des trucs bizarres dans nos assiettes
Pauvre bifteck !
La petite Juliette et son Roméo
Tournent à poil dans les films pornos
Y a pas plus d'amour sur pellicule
Que d'fleurs sur le bitume
T'as beau pas être bobo
Tu te retrouves catalogué, é, é, é, é
couplet Louis Chedid, refrain La Courge
couplet Louis Chedid, refrain La Courge
Tissus à pois et liberty ma petite mercerie
Badges calire
Patron IPE
Les symptômes pour commencer...
Bon ben je vote à
gauche, ma blonde boit du lait bio, elle a un cartable handmade, je boycotte l’huile de palme, je privilégie
les cosmETHiQUES non testés sur les animaux, je vais au théâtre, à des expos, j’aime
GAINSBOURG (père et fille), les films de Sofia Coppola et ceux de Wong Kar Wai et il m’arrive même d’écouter Benjamin Biolay et pire Julien Doré (ce
dernier point reste entre nous, cela va sans dire).
Si on fait
abstraction de mes goûts douteux en matière de musique, je suis sans doute
assez bohème.
Mais je ne suis
objectivement pas bourgeoise. J’en suis même assez loin à vrai dire.
Quand je feuillète
certains magazines de mode et que je vois de belles chaussures (dites
accessibles à toutes les bourses) à 250 euros la paire, j’ai même l’impression
d’être franchement pauvre.
Suis-je bobo dans mes rêves ?
Dans mes rêves ma
blonde ne porte que des vêtements « made in France », joue avec des
jouets en bois jurassien, mange sa purée de carotte bio sur notre terrasse depuis laquelle nous pouvons respirer un air pur et saluer les cyclistes qui se
rendent le cœur léger au travail ayant à l’esprit qu’ils font un métier
épanouissant pour lequel ils sont convenablement payés .
Ma fille se dépêche d’avaler
sa purée avec une gourmandise extrême puis elle enchaîne sur un yaourt maison
au lait de chèvre fait dans la jolie yaourtière de maman courge, laquelle a
enfin du temps et ne laisse donc plus sa yaourtière moisir sous l’évier.
Une fois son repas
avalé, elle fait quelques bulles non polluantes depuis la terrasse (et oui je ne rêve même pas
d’un jardin) puis ma blonde se rend dans une école PUBLIQUE trop chouette.
A bien y réfléchir, je rêve sans doute
d’un monde plus équitable. Je rêve d’une école publique de qualité où l’enfant
pourrait apprendre à son rythme et où le résultat serait finalement moins
important que le cheminement jusqu’à ce résultat. Une école où l’évaluation
individuelle, systématique et parfois stigmatisante n’aurait plus sa place. Je
rêve d’une école dans laquelle chaque enfant pourrait apprendre à son rythme,
apprendre à penser par lui-même, s’épanouir.
Je suis malade à
l’idée d’imaginer que certains vêtements ou jouets de ma fille ont été fabriqués par
d’autres enfants à peine plus vieux qu’elle. J'ai même franchement envie de vomir quand plusieurs mois avant Noël je ne peux pas aller acheter des yaourts sans tomber sur un étalage monstrueux de jouets devant lesquels les enfants ne peuvent que passer.
Mais je me demande
quand même si on nous prendrait pas un peu pour des courges en nous faisant
croire que ce commerce qui coûte un bras et qui n’est accessible qu’aux mieux
lotis est réellement équitable. Personnellement je ne rêve pas de pouvoir me
payer le commerce équitable pour riches.
Fini le temps où
toutes ces boutiques parisiennes si mignonettes aux vitrines délicieusement
vintage (dans lesquelles le moindre cabas en coton bio fabriqué en Europe te
coûte un bras) me faisaient rêver.
J’en peux plus du mignon, du "vintage-neuf", du nœud-nœud, du pois-pois et du liberty franco-franchouillard qui te
font te sentir fauchée et te font culpabiliser de fringuer ta progéniture en grande partie chez
K*abi et autres magasins pas chers.
Alors oui on
pourrait acheter moins de vêtements et ne prendre que du made in France, ce qui
financièrement reviendrait à n’acheter qu’un change contre 10 mais les gens qui avancent cet argument n’ont pas d’enfant en
bas âge qu’il faut changer trois fois par jour*.
(Si toutefois ils ont un enfant en bas âge qui ne se salit jamais, n’a pas d’accident pipi etc. je suis tout à fait disposée à le leur échanger contre ma fille, dans ce cas merci de bien vouloir me contacter par mail.)
(Si toutefois ils ont un enfant en bas âge qui ne se salit jamais, n’a pas d’accident pipi etc. je suis tout à fait disposée à le leur échanger contre ma fille, dans ce cas merci de bien vouloir me contacter par mail.)
Je n’ai aucune
raison de me plaindre, je ne manque de rien mais si j’en crois les critères des
magazines et ceux des magasins bios, je suis davantage décharde que bourgeoise.
Je suis une pauvre bohème (un pauhème ?).
Je suis une pauvre bohème (un pauhème ?).
La vie de pauhème me convient
finalement assez bien.
Je n’en suis pas
parfaitement satisfaite et je souhaiterais être une meilleure éco-citoyenne
mais je ne suis pas déconnectée de la réalité.
Noël approchant, la blonde aura un cadeau made in Swiss (oui je vous ai dit qu'elle s'était découverte une passion pour l'heure) et je pense fabriquer pas mal de cadeaux pour les personnes de notre entourage.
Voilà qui donnera peut-être du sens à ces fêtes de fin d'année.
Je dépense moins donc je suis (quand même).
Noël approchant, la blonde aura un cadeau made in Swiss (oui je vous ai dit qu'elle s'était découverte une passion pour l'heure) et je pense fabriquer pas mal de cadeaux pour les personnes de notre entourage.
Voilà qui donnera peut-être du sens à ces fêtes de fin d'année.
Je dépense moins donc je suis (quand même).
Et si bourgeoise bohème
je suis parfois, je ne veux être que celle de Maupassant (oui là c'est mon côté bobo qui ressort) :
« Ce fut elle alors qui lui serra la main très fort, très
longtemps ; et il se sentit remué par cet aveu silencieux, repris d'un
brusque béguin pour "cette petite bourgeoise bohème et bon enfant"
qui l'aimait vraiment, peut-être. »
Extrait de Bel Ami
Extrait de Bel Ami